Il n'y a pas d'animaux exclusivements homosexuels ??? La Recherche -- Octobre 2007

Publié le par etudiant

« Contrairement à la croyance populaire, l’homosexualité n’est pas réservée à l’être humain ! Loin de là ! » Lit-on sur un site gay. Mais qu’elle est l’idée reçue ?

« L’orientation exclusive vers les individus du même sexe est rare ou absente dans le royaume animal » écrit le primatologue Frans De Waal. Ce disant, il évite le mot homosexualité, qui regroupe bien des sens différents. Son collègue, Paul Vasey, spécialiste incontesté des macaques japonais, juge essentiel de distinguer entre les comportements homosexuels ou les conduites homosexuelles et l’homosexualité, laquelle désigne une orientation permanente vers les individus du même sexe. Ainsi, dans certaines troupes de macaques japonais, mais pas dans toutes, une proportion significative des femelles, pouvant aller jusqu’à 100%, ont des relations intensives avec d’autres femelles. Pendant la saison des amours, qui dure environ 4 mois, on voit couramment deux femelles former un couple temporaire. Elles font l’amour une trentaine de fois par heure d’observation, l’une montant l’autre, accroissant le plaisir en se masturbant avec la queue. Mais il ne s’agit pas d’orientation exclusive. Ces femelles ont aussi des relations sexuelles avec des mâles à d’autres périodes de la saison des amours et elles procréent. Paul Vasey tient à le préciser, en aucun cas on ne saurait considérer ces femelles comme des lesbiennes.

Des comportements homosexuels épisodiques ont été relevés dans un grand nombre d’espèces animales, chez les Mammifères, les Oiseaux, les Reptiles, les Poissons et même les Vers. Chez certaines espèces, ces comportements sont courants, soit chez la femelle comme chez le macaque japonais, soit chez le mâle comme chez les lions soit encore, chez les deux sexes comme chez les Bonobos.

Bien qu’utilisé par la littérature scientifique, la notion d’homosexualité exclusive pose un problème récurrent : comment s’assurer que l’exclusivité est effective et ne souffre pas d’exception ni de limites dans le temps ? Chez l’Homme, on ne peut se référer qu’au témoignage des intéressés. Dans le monde animal, l’homosexualité exclusive n’est formellement attestée que chez les moutons mâles. Les éleveurs le savent depuis longtemps, un bélier sur huit en moyenne refuse catégoriquement de s’accoupler à une femelle et recherche les mâles. Il va jusqu’à déranger une paire entrain de s’accoupler pour écarter la femelle et tenter de pénétrer le mâle. Le sujet fait l’objet d’investigations intensives depuis une dizaine d’années. Des chercheurs américains pensent avoir identifié dans le cerveau de ces béliers une particularité anatomique affectant le niveau de production d’une hormone sexuelle.

Il est cependant bien difficile de prouver que l’homosexualité exclusive n’existe pas chez d’autres espèces. En France, Thierry Lodé, du CNRS et de l’Université de Rennes, pense avoir démontré que le phénomène se rencontre chez les Putois. L’un de ces animaux au moins, régulièrement capturé grâce à un collier émetteur, refuse obstinément de s’accoupler avec les femelles qu’on lui propose et copule au contraire énergiquement avec son mâle préféré, des jours durant.

En attendant que ce travail soit pleinement validé, en attendant d’autres découvertes possibles selon le consensus actuel l’homosexualité exclusive ne se rencontre de façon certaine et régulière que chez l’Homme et une des plus anciennes espèces domestiquées par l’Homme.

En dehors de l’espèce humaine, aucun cas d’homosexualité exclusive n’a été décrit chez des femelles. Du moins dans les espèces où il y a des mâles. Plusieurs espèces de lézards ont en effet abandonné tout recours au « sexe fort ». Sans doute en raison d’une ou plusieurs mutations, ces espèces ne comprennent plus que des femelles. Elles se reproduisent par parthénogenèse. Mais elles ont besoin de faire l’amour entre elles pour stimuler l’ovulation.

Dans l’espèce humaine, l’orientation exclusive de mâles vers d’autres mâles se rencontre dans toutes les sociétés où elle a été recherchée et semble exister depuis la nuit des temps. La longue histoire de la domination masculine rend la recherche plus délicate du coté des femmes, dont les pratiques sont plus souvent cryptiques. D’après les enquêtes menées en Amérique du Nord et en Europe, le pourcentage moyen d’homosexuels exclusifs serait inférieur à 1%. Selon le dernier recensement américain, 0,5% de la population vit en couples du même sexe.

L’homosexualité exclusive pose un problème délicat aux évolutionnistes. Il semble que l’on trouve la même proportion de béliers homosexuels aux quatre coins du monde. Ils n’ont pas de progénitures. Comment expliquer qu’ils n’aient pas été éliminés par la sélection naturelle ? Le pourcentage d’homosexuels humains réellement exclusifs semble dix fois moindre, mais la même question est posée. Les scientifiques se perdent en conjectures.

Olivier Postel-Vinay

Voilà donc un article de La Recherche n°412, d'Octobre 2007 ! Si vous avez des réactions, mettez des commentaires.

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N
Et pourquoi voulez-vous qu'il y ait des homos exclusifs comme si il y avait des couples exclusifs ? C'est une iéde morale de la monogamie. Thierry Lodé dans son livre génial sur la guerre des sexes dit jsutement le contraire, que "les comportements exclusifs n'existent pratiquement pas dans la nature" et que "la biodiversité est amoureuse". Il faudrait lire son chapitre sur l'homosexualité avant de dire des bêtsies en le citant...
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A
<br /> Je ne vois pas très bien le lien que tu fais entre "homos exclusifs" et les histoires de couple. Ce qui est dit dans l'article c'est que l'attirance d'un mâle pour un mâle chez les animaux n'est<br /> pas exclusive ... le même mâle est aussi attirée par des femelle ... (et réciproquement pour l'attirance d'une femelle pour une autre femelle, qui souffre aussi d'une attirance pour les mâles) en<br /> gros les animaux sont plus bisexuels qu'homosexuels ... Après si tu veux partir sur les histoires de couple, en effet nous sommes des partouzards comme nous l'a si bien dit notre cher prof et<br /> surement pas des monogames ... du moins en moyenne car toute rêgle souffre d'exceptions.<br /> <br /> <br />
A
je trouve, mon grand, que t'inspirer du livre de chevet de ta camarade pour rédiger ce bel article, sans lui faire signer....c'est un peu osé,pépèremadame pouet
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